Français : Le site Audi Forest, au sud de l’agglomération bruxelloise, témoigne d’une longue et riche histoire manufacturière dans la capitale belge. Il est un peu en cela rescapé d’une époque révolue, où méthodes et volumes de production n’ont rien de comparable avec les tendances actuelles.

D’une façon ou l’autre, au gré des restructurations, réaménagements de locaux et récupérations diverses à l’extérieur, ce sont en effet des modèles d’au moins 6 constructeurs, parfois aucunement liés entre eux, qui ont quitté les chaines en un peu plus de 70 ans !

• automne 1948: le carrossier Pierre d’Ieteren lance la construction de l’usine sous la raison Anciens Établissements D'Ieteren Frères. On y assemble des voitures américaines de marque Studebaker, au rythme d’une dizaine d’unités par jour. Les temps ont bien changé...

• 1954: démarrage de production d’une icône, la VW Coccinelle;

• 1965: arrêt définitif des Studebaker;

• 1967: la 500 000ème Coccinelle quitte l’usine;

• 1970: Volkswagen reprend intégralement le site;

• 1973: la millionième Coccinelle s’échappe de Forest. La Passat 1ère génération fait ses débuts locaux;

• 1975: la Cox tire sa révérence mais l’heure de la retraite définitive n’a pas encore sonnée pour la vieille demoiselle, qui sera assemblée au Mexique jusqu’en 2003, 65 ans après sa présentation !

• 1987-91: à l’étroit, Volkswagen Forest est amplement remaniée par l’intégration, entre autres, des bâtiments voisins de l’ancien site de production Citroën, désaffecté depuis une dizaine d’années. Opérationnelle en 1926, l’usine bruxelloise du constructeur aux chevrons est la première en-dehors de France. Y seront notamment assemblées Rosalie, Traction, 2 CV, DS/ID, Visa... et même des Panhard, alors propriété de Citroën, avec la PL17. Suite au 2nd choc pétrolier et l’incertitude planant sur les ventes de voitures, les chaines sont arrêtées en décembre 1980 après plus d’1 million de véhicules produits;

• 1997: fin de la Passat après 1,25 million d’exemplaires. La Seat Toledo prend la relève alors qu’un séisme de grande ampleur, avec la fermeture à l’opposé de l’agglomération de Renault Vilvoorde, secoue le monde industriel du royaume...;

Au cours des années suivantes d’autres gammes viennent renforcer le plan de production, en petites séries: Seat Leon, VW Lupo...

• 2004: l’A3 est la première Audi assemblée à Bruxelles;

• printemps 2007: VW décide le rapatriement total de la Golf outre-Rhin. C’est un coup très dur pour Forest car la compacte allemande, leader sur son marché depuis trois décennies, y était produite depuis le début des années 1980. Cinq générations se succèdent ainsi pour 3,9 millions de véhicules écoulés. L’arrivée de la Polo constitue une maigre compensation, et les syndicats montent au créneau. 10 ans après Vilvoorde, le traumatisme est encore vif dans les esprits... signe d’une rupture forte, l’usine est rebaptisée Audi Brussels cette même année. La pérennisation de l’activité s’est toutefois traduite par un lourd bilan humain, puisque les effectifs sont ramenés en trois mois de 5 700 à 2 400 salariés (- 58%);

• 2010: lancement de l’A1, écoulée à plus de 800 000 exemplaires.

De 1949 à 2019, Forest a ainsi assemblé près de 8 millions de véhicules. Le site bruxellois est aujourd’hui spécialisé dans les modèles électriques mais l’avenir demeure toujours incertain, suivant en cela une situation internationale préoccupante.

Hors PL, véhicules de transport en commun et artisans, Audi Brussels est avec Volvo Gent, dorénavant le seul site de montage de voitures particulières en Belgique, survivant d’une industrie autrefois florissante, suite au démantèlement de GM/Opel Antwerpen en 2010 et Ford Genk 5 ans après...