BeschreibungDernière nouvelle. Un trams de Lausanne trouvé dans un bois..jpg |
On peut aller aux champignons et tomber sur un tram centenaire. C’est ce qui est arrivé à l’ami d’un passionné de vieux trains. Il se baladait, à la fin de l’été dernier, nez au sol dans une forêt de Croy, près de Romainmôtier, où il a trouvé trois bolets honorables mais surtout un tram. Un vrai tram. Vieux, usé, déglingué, mais vrai quand même. Il en a parlé à son ami, membre de l’Association du chemin de fer - musée Blonay-Chamby, et c’était parti: les passionnés, donc fins connaisseurs, donc spécialistes, sont allés sur place et ont constaté que la petite merveille des bois de Croy était le dernier vestige du réseau urbain de trams lausannois. Tous les autres ont fini à la casse. Celui-là, le revenant, le Petit Poucet, a été construit en 1903, et il a roulé dans les rues de la capitale vaudoise jusqu’en 1940, en arborant fièrement sur sa proue le beau numéro 36, qui a mieux résisté au temps, aux pluies, à la neige, aux vents que la carrosserie, les stores, les garnitures et le bois qui faisaient son charme.
Mais comment est-il arrivé au milieu des chênes et des foyards, ce tram, et pourquoi n’a-t-il pas roulé plus longtemps? Alain Candellero, un de ces hommes dont le cœur bat pour les trains et les trams du passé, et qui est chargé des événements pour le Blonay-Chamby, explique: «Ce tram, après quelques années d’exploitation, a été vestibulé, c’est-à-dire doté de vitres pour s’adapter au climat lausannois, puis, plus tard, il a été éliminé parce qu’il manquait de puissance et ne pouvait tirer de remorque.» Donc, vers 1940, c’est fini pour le trente-six. Mais pourquoi est-il déposé en pleine forêt, où ses trois tonnes se sont peu à peu enfoncées dans l’humus? «La venue de sa carcasse avait sans doute une utilité. La seule certitude, c’est que pendant de nombreuses années, il a abrité des ruches. Mais depuis vingt ans, il est à l’abandon.»
Vide et seul, sans protection. Le pauvre 36 a vu ses boiseries pourrir (pas son joli plafond cintré, bien conservé), et ses tôles rouiller. Mais il a encore une gueule de tram, assez touchante pour que les «blonay-chambistes», avec cette foi épatante qui les anime, et avec l’appui des autorités de la commune, aient décidé de le sortir de sa forêt.
Exposé à Lausanne?
Le grand voyage commence aujourd’hui, lundi 1er mars. Ils vont installer devant lui des rails de chantier, le soulever avec des crics, glisser deux chariots sous son ventre, et ainsi l’amener jusqu’à la route où l’attendra un camion. Il sera chargé et partira ensuite dans un lieu destiné à le préserver. C’est là que tout se décidera. «Il y a plusieurs solutions, poursuit Alain Candellero. La première: l’exposer en l’état au musée de Chaulin. La deuxième: restaurer et ne conserver qu’une cabine de conduite. La troisième: le reconstruire avec des moyens financiers et logistiques externes. Cela en vaudrait la peine car il est vraiment le témoin, le vestige unique de cette escouade de vingt-cinq véhicules alors numérotés de 30 à 54 qui circulaient dans Lausanne. Mais, avant tout, il faut que notre assemblée, tout prochainement, valide notre élan en faveur de ce tram.» |